Cultivez votre jardin intérieur !
Un petit tour d'anatomie...
Bon alors, mais LA VOIX ?... À QUOI ÇA RESSEMBLE ?
→Pour cela, interviennent :
1- une pompe à air : la soufflerie, située en bas* du mécanisme
* Les poumons sont situés dans la cage thoracique, et la respiration que nous utilisons le plus communément est tout naturellement située "en haut" du thorax. Dans cette respiration "haute", on inspire en montant légèrement la cage thoracique qui, lorsqu'elle redescend, envoie un simple "courant d'air" dans notre larynx, ce qui a pour effet de produire un son par vibration de l'air.
Souvent, lorsque je demande à mes élèves de prendre une grande inspiration, je les vois bomber le torse, cambrer leur dos, voire soulever les épaules ou tendre leur tête en avant lorsqu'ils sont particulièrement tendus. C'est qu'ils utilisent cette respiration "haute", dite thoracique supérieure.
La soufflerie que nous allons mettre en place ensemble fait, quant à elle, intervenir une respiration "basse", aussi appelée "abdominale". Pour la "trouver", nul besoin d'un milliard d'explications complexes, il suffit de vous mettre à l'écoute de ce qui se passe en vous lorsque vous êtes tranquillement couché dans votre lit !...
→Allongez-vous, posez les mains sur votre ventre et sentez comment l'air entre dans votre corps et y circule : quand vous inspirez, l'air remplit votre corps et vous sentez vos mains "poussées" par le gonflement de votre cavité abdominale ; lorsque vous expirez, vos mains "se rejoignent" sur votre ventre qui "rentre" ou "se dégonfle" tandis que l'air est expulsé hors de votre corps.
Voilà sur quel "souffle" va venir se poser la voix chantée ou parlée. Cela demande beaucoup moins d'efforts que ne se l´imaginent les stagiaires que je rencontre, lesquels pensant bien faire, poussent sur leurs abdominaux ou, au contraire, rentrent leur ventre de façon exagérée, afin de "provoquer" cette respiration "naturelle" ! Laissez faire... plus vous voudrez contrôler la mécanique, et plus vous installerez de tensions musculaires inutiles, et parfois même néfastes au fonctionnement qui doit s'équilibrer entre ce qui naturellement pousse et ce qui naturellement retient dans la musculature respiratoire.
La respiration basse est essentielle, car elle permet d'emmagasiner davantage d'air que la respiration thoracique haute (à inspiration/expiration éclair), mais aussi de limiter la pression d'air exercée sous le larynx, c'est-à-dire le risque de pousser trop d'air entre les cordes vocales. Et cette soufflerie, qui s'étend donc (de bas en haut) des muscles du périnée, en bas du ventre, jusqu'au haut des poumons, et passe donc par toute la cage thoracique, le sternum, les côtes, la taille et même le dos (on peut d'ailleurs sentir l'action bénéfique d'une "bonne" respiration du bas du bassin jusqu'au sommet du rachis), est la première pierre sur laquelle repose tout l'édifice vocal. Elle en assure la stabilité et donne sa solidité physique et son ancrage à celui qui utilise sa voix.
Et on le sent tout de suite, à peine a-t-on installé cette respiration : en un instant, les tensions s'apaisent en même temps que le centre de gravité se déporte vers le nombril ; la respiration se régule, le cycle d'inspiration/expiration se ralentit, l'abdomen se relâche et la "bouée" abdominale qui se déploie installe une inspiration naturelle, liée naturellement au mouvement expiratoire du diaphragme.
↔ Le diaphragme, ou muscle expirateur passif, est un muscle situé sous les poumons qui sépare la cavité abdominale de la cage thoracique. Sorte d'élastique en forme de pont plat (un peu comme un "U" à l'envers), il fait, avec les muscles intercostaux, rentrer l'air dans les voies respiratoires lorsqu'il se contracte, et quand il se relâche (càd. quand il revient en position "repos"), fait naturellement remonter l'air dans les poumons, ce qui produit l'expiration. Nous verrons en cours, et plus particulièrement encore avec les chanteurs lyriques, comment ralentir ce réflexe expiratoire, et donc allonger le temps de l'expiration qui est aussi celui de la parole ou du chant (dans la mesure où l'expiration produit la phonation, tandis que l'inspiration la prépare), en utilisant la technique de soutien musculaire appelée "Appoggio" en italien, et en français "appui", "support" ou "soutien". Ce soutien est basé sur un juste équilibre musculaire (que l'on peut d'ailleurs sentir interagir au niveau du sternum, du tour de la taille et du périnée), et qui procure, non seulement, un renfort de la sensation de maintien et de l'assise vocale, mais encore, permet effectivement de "retenir" le diaphragme plus longtemps en position contractée, et donc nous aide à réguler de l'intérieur notre débit d'air en soutenant l'air dans la trachée.
NOTA :
Pour ceux qui souhaitent pousser plus loin, je vous invite à lire dans son ouvrage synthétique, "La Structure du Chant" (une référence incontournable !...), la présentation que fait Richard Miller du mécanisme de l'Appogio, qu'il présente comme la mise en oeuvre d'une connexion dynamique entre le souffle et la vibration vocale lors de l'émission d'un son, et donc comme l'idéal d'équilibre et de coordination entre la gestion du souffle, la phonation et la résonance de la voix.
2- un compresseur d'air : les cordes vocales et le larynx
Situé dans la gorge, le larynx est une petite structure qui abrite les cordes vocales. Constitué de tissus mous (muscles, ligaments, muqueuse) et rigidifié par une armature faite de cartilages (dont on peut d'ailleurs sentir le plus gros, le "cartilage thyroïde", en touchant le milieu de notre cou, là où les messieurs ont leur "pomme d'Adam"), le larynx est à la fois rigide et souple, dans la mesure où certains de ses cartilages sont mobiles. C'est d'ailleurs cette mobilité qui, en actionnant des mouvements liés, soit à l'ouverture, soit à la fermeture de ces différents mobiles mouvants (entre eux ou avec les autres structures cervicales), permet au larynx d'assurer ses différentes fonctions dans l'organisme, dont la fonction phonatoire produite par la vibration des cordes vocales.
Ces cordes, qui ne sont d'ailleurs pas des "cordes", mais deux bandes horizontales (qui peuvent s'apparenter à des lèvres), formées par les replis des membranes muqueuses du larynx (c'est pourquoi d'ailleurs on les nomme aussi "plis vocaux") — ces cordes, mesurent environ 12 à 17 mm chez la femme et 17 à 25 mm chez l'homme (plus elles sont courtes, plus la voix sera aiguë et inversement). Elles se rejoignent vers l'avant du larynx (au niveau de la pomme d'Adam), et peuvent : soit s'écarter l'une de l'autre à l'arrière (c'est ce mouvement qui permet la respiration, en laissant passer l'air à travers le conduit vocal vers l'extérieur) ; soit se rapprocher (ce qui permet deux actions : 1- la déglutition, en "bouclant" notamment le larynx pour protéger la trachée, mais aussi 2- la phonation).
Même sans parler de ces hauteurs de son les plus extrêmes, vous devez savoir que pour accéder à ces différentes vitesses ondulatoires, les cordes vocales (grâce aux mécanismes internes mobiles du larynx), ont la capacité de "se transformer" — en épaisseur (épaisses/fines), en densité (dures/molles) et en longueur (courtes/étirées ou allongées).
→ On dénombre ainsi plusieurs mécanismes laryngés vibratoires :
- le "FRY" ou Mécanisme 0 (M0) :
- le "Mécanisme lourd" ou Mécanisme 1 (M1) :
- le "Mécanisme léger" ou Mécanisme 2 (M2) :
- Le "SIFFLET" / "FLAGEOLET" ou Mécanisme 3 (M3) :
Ce son suraigu est une fuite d'air (caractéristique de Mariah Carey) permettant d'atteindre des sons au-delà de 1500 Hz, lesquels peuvent s'apparenter au bruit d'une craie ou à un léger chuintement brillant. C'est une configuration extrême du Mécanisme aigu, dont on sait qu'elle implique à la fois un cycle très rapide du battement des cordes vocales, une très faible amplitude du mouvement vibratoire, une très grande tension du ligament vocal, ainsi qu'une forte compression de l'air entre les cordes vocales. Ainsi, le sifflet entrerait dans une autre « mécanique » laryngée, incluant à la fois adduction des cordes vocales mais pas de vibration, l'air étant envoyé en arrière (au niveau de la zone inter-aryténoïdienne) où ce son est fabriqué.
3- un amplificateur : les résonateurs naturels
Lorsque, donc, le cycle vibratoire a produit dans le larynx ce son "fondamental", celui-ci doit encore passer par quelques étapes avant de pouvoir être expulsé du gosier et s'extraire totalement du corps de l'émetteur, pour enfin devenir une émission articulée, une voyelle, une consonne + une voyelle, un mot, une parole, mais aussi un timbre, une couleur vocale, à même de vibrer et de résonner dans le monde extérieur — et c'est bien, du reste, le but ultime du mécanisme phonatoire : parler, chanter, s'exprimer !
Pour se libérer du larynx, le son va remonter le "conduit vocal" en direction de la bouche. C'est là qu'on passe de la vibration à la résonance. Grâce aux différents creux et espaces résonnants des cavité situées au-dessus des cordes vocales, le son va pouvoir s'amplifier, s'enrichir, se colorer et se timbrer.- la 1ère : derrière le larynx
- la seconde : au-dessus du larynx
- la troisième : devant le larynx