Cultivez votre jardin intérieur !
Comprendre le mécanisme vocal : quelle pédagogie ?
L'expérimentation vocale doit permettre à chacun de saisir que parler, chanter, c'est simplement laisser filer le son (l'air "transformé" par l'action des cordes et du larynx) à travers soi, sans ni le retenir, ni le pousser, et en lui laissant de la place pour s'installer dans le corps, y résonner, puis s'en extraire. Ainsi, "bien se servir de son instrument", c'est d'abord sentir qu'on est le passeur (sans obstacles) de ce son qui se fabrique à l'intérieur de nous, puis c'est apprendre à en devenir l'amplificateur naturel, grâce à notre caisse de résonance et d'envoi (la bouche et les résonateurs, le corps tout entier).
Ce qui, énoncé de la sorte, est facile à se figurer (et peut s'annoncer tout aussi aisé à mettre en œuvre), s’appuie en fait sur un équilibre précis de « points » du corps qu’il faudra avant tout découvrir dans la sensation puis détendre, assouplir et élastifier ET d’un process de mécanismes qu’il faudra muscler, tonifier et solidifier. Il s'agira alors de « caler » entre eux ces divers éléments, de les « emboîter » disons, et d'« enclencher » la machinerie (toujours dans la souplesse : soit, sans jamais rien forcer ou contraindre dans leur fonctionnement).
Bon... au début, c'est un peu comme apprendre à conduire : il faut penser à tous les gestes (d'ailleurs, on en oublie toujours un !...), jusqu'au moment où la globalité du processus s'est (comme par magie...) automatisé et où chaque geste fait tellement partie du "tout" synthétisé qu'on a peine à décomposer le mouvement général pour détailler chaque point précis. Voilà : c'est appris, intégré, simple, évident et comme naturel. Comme pour la conduite, il suffit juste d'être un peu patient et, bien sûr, de s'entraîner régulièrement (pour intégrer les bons gestes et comprendre en pratiquant...) ; mais il faut aussi se trouver un bon moniteur ! C'est un incontournable si l'on veut être bien guidé et mené vers l'autonomie et une belle confiance en soi...
Un seul mot d'ordre : «Un chanteur sachant chanter doit savoir chanter sans son coach !...»
- Pour autant, je ne crois pas aux pédagogies laborieuses et interminables qui contraignent l'élève à passer des années à travailler son souffle, puis plusieurs autres à mettre en place sa souplesse et sa vélocité, puis à enrichir son timbre et sa couleur vocale, pour enfin développer son vibrato, sa puissance,... et finalement apprendre les rôles pour lesquels il est "fait"... — Non, ce n'est pas ainsi que je procède avec mes élèves.
Et cela, pour deux raisons :
- D'abord, parce que le coaching doit être pour chacun un outil d'amélioration directement utile, efficace et opérationnel.
- Ensuite parce que, du fait même de sa nature complexe et de son fonctionnement enchevêtré, et donc de l'interdépendance et de la nécessaire collaboration entre eux des différents mécanismes qui composent la structure de la phonation, il n'est finalement ni aisé, ni souhaitable, de SÉPARER ces éléments pour les travailler un à un de manière pleine, indépendante et désolidarisée du tout, en faisant, disons, abstraction de la réalité unifiée du mécanisme vocal.
En réglant un problème spécial, rien qu'un, il arrive fréquemment que l'on puisse influer positivement sur T O U T E la mécanique (dans sa globalité) et parfois même, que l'on parvienne à entraîner en chaîne une amélioration des autres niveaux de la production sonore sans avoir eu à entrer pour cela dans la décortication systématique (... et fastidieuse pour qui ne souhaite pas devenir professeur de chant ou coach vocal !...) de tout le processus de phonation — Merveilleux, non ?...
Unique, UNIQUE !...¯— C'est bien beau tout ça, mais bon,...
Mouais... Trouver SA voix ?!... Pourquoi pas ?... — Mais à quoi bon, si elle moche ?... — Voilà peut-être le genre de chose que vous êtes en train de vous dire....
Surtout si vous êtes de ceux auxquels on a répété toute l'enfance : « Oh ! Baisse d’un ton, tu parles trop fort !... » ou : « Tais-toi, tu nous casses les oreilles / les tympans... avec ta voix de crécelle / mégère / marchande de poisson / haut-perchée / stridente / suraiguë / criarde / assourdissante / grasse / cassée / éraillée / insupportable / traînante / mollassonne / mielleuse / minaudante /... »
Ou si, à l'inverse, l'on on n'a cessé de vous demander de « faire un effort » pour « parler plus fort », plus « distinctement », d'« articuler », de « hausser le ton », de « répéter » parce qu’avec votre « voix de souris » (« un filet ! ») ¯— « fluette », « timide », « sourde », « étouffée », « écorchée »,... on ne vous entendait pas !
Que (petits garçons), l'on vous raillait d'avoir une voix « de fille » ou « de fausset » ! Ou que (fillettes), l'on vous traitait de « camionneur »...
Difficile, pour ces autres aussi auxquels, aujourd’hui encore, on hurle : « Chuuuuuut !... Tu chantes faux ! », « C’est horrible ! » — chaque fois qu’ils tentent d’ouvrir le bec pour fredonner un petit air... comme ça, l’air de rien... même à Noël, ou pour fêter joyeusement l’anniversaire d’un des leurs !!!
Et que dire du mal-être de ceux qui, de honte, n’osent plus du tout utiliser leur voix chantée, même sous la douche... — seuls !!!! Et qui se sentent tellement bloqués, qu’ils sont réellement physiquement incapables de sortir le moindre son, dès qu’il s’agit d’émettre une note !
Oui ! Dur, d’aimer SA voix... Et de ne pas chercher à la trafiquer pour la rendre comme celle de tel ou tel (généralement tout notre contraire !), ou tenter de contrebalancer le défaut lambda qu’on vous jette sans cesse au visage, du cercle familial à l'entourage professionnel !!!
Si vous êtes dans l'un de ces cas (je ne sais pas si c'est RÉELLEMENT "rassurant", mais bon...), RASSUREZ-VOUS : vous n'êtes pas seul !...
... Et tellement plus nombreux, en fait, que ceux dont on a toujours loué la "voix d'ange" cristalline ou la majestueuse puissance "de stentor"...
Et pourtant ! On connaît tous au moins une personne, dont le timbre de voix ébréché exerce sur les autres un charme envoûtant ; une, dont l'aigu acide a la clarté joyeuse d'un éclat de rire ; une autre, dont la vibration nasillarde est chaleureuse et réconfortante ; une à la teinte étrangement grave, qui est d'une profondeur magnétique ; une autre, dont la puissance vocale est stimulante et entraînante ; une, dont la douceur ténue est aussi attendrissante que celle d’un tout petit enfant...
Ces exemples, pour illustrer un fait simple mais fondamental :
il n’existe pas de voix parfaite ; et donc pas de modèle de voix auquel se conformer.
Il existe VOTRE voix : unique, singulière, personnelle, caractéristique, parlante...
Et c’est cette voix, qu’en tant que pédagogue, je vais chercher à faire émerger de vous et à « libérer » en vous donnant le mode d’emploi de l’outil vocal et les moyens d’accès à votre propre voix.